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La Synergologie® au quotidien, article 2/5: Les ressources humaines : quand le corps complète les compétences

  • slejeunefc
  • 20 sept.
  • 5 min de lecture
Notre congres annuel de synergologues 2025 pour rester performants dans notre analyse.
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Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps d’écrire un article… Je vous parlerai de cette période prochainement. Non, je n’ai pas arrêté d’observer (vous me connaissez 😉), et aujourd’hui, je reprends la série “La synergologie au quotidien”. Après le management, place à un autre terrain passionnant : les ressources humaines.

Parce qu’en RH, les mots comptent, les compétences aussi… mais entre nous, vous l’avez déjà vu : les discours sont parfois très loin de ce que le corps exprime. Et c’est là que la synergologie® se glisse, non pas pour “démasquer” ou “traduire”, mais pour écouter autrement, avec les yeux autant qu’avec les oreilles.

Pourquoi la synergologie® est précieuse en RH ?

Elle est l’étude du langage corporel non conscient. Elle s’intéresse aux micro-mouvements, aux gestes, aux postures qui échappent au contrôle volontaire. Et en RH, elle devient un outil fabuleux parce que… tout est relationnel.

Un RH travaille avec des humains. Il doit comprendre ce qu’ils disent, ce qu’ils taisent, ce qu’ils montrent malgré eux. Et surtout, il doit prendre des décisions qui vont impacter leur avenir : recruter, intégrer, accompagner une mobilité, arbitrer un conflit.

Or, dans ces moments charnières, les mots ne suffisent pas.

  • Parce qu’un candidat a appris à se vendre.

  • Parce qu’un nouveau collaborateur n’ose pas toujours dire qu’il est perdu.

  • Parce qu’un salarié en reconversion peut se convaincre qu’il a trouvé sa voie… quand son corps raconte une autre histoire.

  • Parce que deux collègues en conflit peuvent affirmer que “tout est réglé”, alors que leurs gestes montrent l’inverse.

La synergologie® apporte ici une grille d’observation qui complète l’écoute verbale. Elle ne dit pas : “voici ce que l’autre pense”, mais : “voici ce qui se joue en lui, là, maintenant”.

Recrutement : au-delà des réponses préparées

Un entretien d’embauche, c’est souvent une pièce de théâtre bien rodée. Le candidat a révisé ses réponses : il aime travailler en équipe, il sait gérer son stress, il est motivé, il adore les challenges. Tout va bien… en apparence.

Sauf que le corps, lui, n’a pas appris le script.

  • Une micro-grimace quand il évoque “le travail en équipe”.

  • Un pied qui se tourne qui casse la boucle quand il dit “j’ai envie de m’inscrire dans la durée”.

  • Une respiration suspendue au moment d’évoquer son ancien manager.

Est-ce que ça veut dire qu’il ment ? Non. Mais ça indique un décalage, un point de tension, une hésitation. Et c’est là que le recruteur peut ajuster sa question, au lieu de se contenter de la réponse formatée :« Qu’est-ce qui, pour vous, rend une collaboration agréable ? »

C’est ce type de question, née de l’observation du corps, qui ouvre l’authenticité.

Intégration : capter ce qui n’est pas dit

Les premiers jours dans une entreprise, tout le monde sourit. On dit “oui oui tout va bien”, même quand on est un peu perdu.(Notez que ce double oui oui est déjà louche) Mais le corps, encore une fois, en dit plus long :

  • Les mains qui se frottent sous la table à chaque réunion.

  • Le regard qui fuit systématiquement quand il faudrait poser une question.

  • Des signes de fermeture pendant une démonstration.

Ces signes ne veulent pas dire “problème grave”, ils alertent sur un malaise à prendre en compte. L’ignorer, c’est risquer un décrochage silencieux. L’entendre, c’est ajuster l’accompagnement, créer un climat de confiance, et sécuriser l’intégration.

Reclassement et mobilité : l’exemple des paumes

C’est ici que la synergologie prend une dimension presque décisive. Parce qu’un salarié en reconversion doit se projeter vers un avenir parfois flou, et il n’est pas rare qu’il s’accroche à une idée… qui n’est pas la sienne.

Cet été, lors d’un entretien de reclassement, une candidate m’exposait son projet avec assurance. Les mots étaient clairs, structurés, convaincants. Mais ses mains racontaient une autre histoire.

Alors qu’elle parlait, ses paumes, au lieu de rester neutres, se tournaient régulièrement vers elle. Ce n’était pas un geste d’ouverture vers l’autre, ni un refus net : c’était un mouvement de ralliement. Comme si elle cherchait à me convaincre (et à se convaincre elle-même) de la justesse de son choix, plutôt qu’à exprimer une conviction déjà solide.

Plutôt que de la contredire, j’ai choisi le silence. Le silence, c’est parfois un outil bien plus puissant qu’une question. Et effectivement, quelques instants plus tard, elle m'a parlé de son rêve... Un rêve qu'elle pensait inaccessible et dont elle n'était pas fiere que ce soit son rêve. Elle s’est ouverte à une autre orientation, plus alignée avec ses véritables aspirations.Elle va bientôt entrer en formation, direction ce rêve!

Cet exemple montre bien ce que la synergologie apporte en RH : non pas une vérité brute, mais des indices subtils pour ouvrir un dialogue plus profond.

Gestion de conflit :

écouter avec les yeux

Les conflits sont souvent les moments les plus délicats à gérer. En médiation, il arrive que deux personnes affirment vouloir “tourner la page”. Mais leur corps dit l’inverse :

  • Les jambes orientées chacune dans une direction différente.

  • Les bustes dissociés.

  • Les mains fermées quand elles devraient s’ouvrir.

  • L'hémivisage droit se manifeste...

Ces incohérences ne veulent pas dire “ils mentent”, mais “il reste une tension”. Et si on valide trop vite un accord de façade, on prend le risque que le conflit ressurgisse. Observer le corps permet de rouvrir l’espace, de réguler en profondeur, et de restaurer une vraie relation.

Le piège à éviter : la surinterprétation

Attention : ce n’est pas parce qu’un candidat croise les bras qu’il est fermé, ni parce qu’un collaborateur détourne le regard qu’il cache quelque chose. La synergologie® n’est pas un jeu de devinettes.

Comme le rappelle Philippe Turchet dans ses travaux récents, la synergologie® n’est pas là pour dire “voilà ce qu’il pense”, mais pour repérer des états d’esprit et créer du dialogue. Toute observation doit rester humble, replacée dans son contexte, et toujours mise en lien avec la parole de l’autre.

Vous êtes RH et vous avez un problème avec les gens trop en avant sur leur chaise, trop en arrière, ou qui croisent les bras et les jambes ? Alors demandez-vous : de quoi auraient-ils l’air assis bien droits, pile au milieu de leur chaise, mains et pieds immobiles, parfaitement à l’équerre ? Personne ne s’assoit comme ça ! Vous vous diriez sûrement qu’ils ont l’air un peu… nouilles. Exactement comme vous vous sentiriez nouille dans cette position.

Conclusion

En RH, la synergologie® n’est pas une baguette magique. C’est un art de la présence. Elle invite à observer autrement, à ajuster ses questions, à créer un espace où le non-dit peut se transformer en dit.

Parce que derrière chaque CV, chaque sourire, chaque discours bien préparé, il y a un être humain. Et cet être humain parle aussi avec son corps. À nous de savoir l’écouter.


Je suis Sandrine Lejeune, passionnée par la communication relationnelle sous toutes ses formes : avec soi, avec les autres, en équipe, en entreprise. Synergologue, formatrice et coach, j’accompagne celles et ceux qui veulent mieux comprendre, mieux manager et mieux vivre leurs relations au quotidien.

 
 
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